Ça a commencé sous les guirlandes, puis c’est revenu sous le mûrier. Aujourd’hui, je sens bien que cette idée refuse de me lâcher.
Le surlendemain, j’ai retrouvé une amie pour un café sur la petite place du village. Le soleil chauffait les pavés, les serveurs zigzaguaient entre les tables, et des enfants criaient en jouant à attraper des ombres.
Je n’avais pas prévu d’en parler. Je voulais juste profiter d’un moment léger, rire de tout et surtout de rien.
Mais c’est sorti, presque tout seul, comme un secret trop lourd à garder. Au milieu d’une gorgée de café brûlant, j’ai soufflé, un peu gênée :
« Tu sais, l’autre soir sous les guirlandes… je crois qu’une idée un peu folle a pris racine en moi. »
Elle m’a regardée, d’abord amusée, prête à se moquer gentiment de mes lubies habituelles. Puis son regard a changé, comme si elle comprenait que cette fois, c’était différent.
« Celle-là a l’air de compter. »
J’ai hoché la tête. Oui, celle-là n’était pas juste un caprice d’été. Elle grimpait déjà partout, comme la vigne sur les murs brûlants, et je savais qu’elle finirait par fleurir, même si ça me faisait un peu peur.
Elle a attrapé ma main sur la table. Pas besoin de longs discours, juste ce contact silencieux qui murmurait :
Laisse-la pousser.
Alors j’ai souri. Et pour la première fois, j’ai eu envie de ne rien tailler.